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LA VIE INTÉRIEURE.

Nos regrets, nos vœux, nos bonheurs, nos peines,
Elle connaît tout depuis dix mille ans ;
Elle a des regards qui calment les haines
 Et qui font des baisers blancs.


Pour guérir nos cœurs des tourments que sème
Le sourire froid des femmes ses sœurs,
Elle orne gaîment son sourire blême
 De caressantes douceurs.


Elle sait le nom des pays du rêve,
Mondes idéals que l’amour bénit,
Chers Édens vers qui notre espoir s’enlève
 Comme un oiseau vers son nid…


Puis, lorsque s’éteint le lustre d’étoiles
Qui crépite au loin dans le clair obscur,
Lente, elle s’en va dégrafer ses voiles
 Sous les courtines d’azur.