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LA VIE EXTÉRIEURE.

Le soleil, écroulé derrière les monts vagues
Où chante avec langueur la voix des vents plaintifs,
Accroche des reflets sur la pointe des vagues
Dont la crête sautille et danse en bonds furtifs.


L’eau brune qui descend le long des pentes douces
Claque très mollement sur le sable mouillé ;
Les larmes de la nuit s’emperlent sur les mousses ;
Un hibou, loin, gémit dans un saule effeuillé.


Un calme inconsolable et douloureux s’épanche
Dans l’air où par zigzags vont les chauves-souris ;
Pour voir poindre la lune avec sa corne blanche,
Un crapaud qui pleurait sort des joncs rabougris :


Tandis qu’au plein milieu du lit qui s’enténèbre,
Un noyé, raide et blanc, suit le flot chuchoteur ;
Et, ses yeux sans regard levés au ciel funèbre,
Silencieusement, il glisse avec lenteur.