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LES FORMES.

 
Sur des pays où l’or micace les rivières,
Où l’éclair des oiseaux fait trembler les paupières,
Où l’on entend sonner dans l’air lourd de parfums
Et glisser le beau corps onduleux des crotales,
Où les corolles ont de si larges pétales
 Qu’on y peut coucher les défunts ;


Et c’est l’immensité des déserts et du pôle,
Les forêts de bambous où le tigre miaule,
Les steppes où s’enfuit le troupeau des bisons ;
C’est le miroitement limpide et bleu des glaces
Et le soleil qui tourne avec des lenteurs lasses
 Sur l’argent mat des horizons.


Feu des soirs, bleu des nuits, midis blancs, matins roses,
C’est la communion de l’air avec les choses !
C’est l’hymne hyménéal et l’éternel Avé
Des formes aux senteurs et des sons aux lumières,
Tout ce qui s’est perdu des époques premières,
 Et tout ce qu’on n’a pas rêvé !