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LA VIE EXTÉRIEURE.

Puis, la fuite indécise et blonde des collines,
Où de blanches vapeurs traînent leurs mousselines,
Comme des jours de Pâque aux marches des parvis ;
Et la mare aux tons d’huile où s’endorment les raines,
Et l’herbe où deux pinsons vont picoter des graines
 Autour d’un brin de chènevis ;


Et, sur l’inclinaison des ravines fleuries,
C’est un ruissellement de folles pierreries :
La plaine, sous l’éclat des bijoux et des fards,
Regarde en souriant pendre sa robe neuve,
Dont la frange se mouille aux vasques du grand fleuve
 Qui descend sous les nénuphars.


Et c’est la mer, là-bas, la mer omnicolore,
La vaste fleur que chaque aurore fait éclore,
L’immense voyageuse aux somptueux courants
Qui joue avec la lune et qui chante aux étoiles,
Et qui tout en chantant jette ou porte les voiles
 Sur des mondes exubérants :