Ils se taisaient de nouveau, et Desreynes rompit le silence :
— Dis donc… Tu ne vois pas comme nous sommes bêtes ?
— Si, si…
Leur rire éclata, plein de santé et de jeunesse.
— Ah ! fit Georges, c’est bon tout de même, de se retrouver !
Pierre le conduisit vers une voiture que gardait un domestique en livrée noire.
— Si tu veux, dit-il, nous rentrerons seuls, et Joseph se chargera de tes bagages.
Fiers d’être ensemble et d’être sans témoins, ils montèrent comme deux enfants dans la petite calèche.
— C’est une belle matinée, tu sais ; nous avons de la chance… Tu n’es pas mal assis ?
— Mais non…
— Mon Georges, c’est gentil, va, d’être venu. Tu es content ?
La voiture courait sur une route assez étroite, entre deux haies d’épines ; à l’horizon, des collines boisées se déroulaient en demi-cercle dans une vapeur bleue qui tremblait au premier soleil.
— Quelle bonne vie nous allons arranger à nous trois, tout seuls. Ma femme va être si contente de te recevoir ! Elle s’ennuie un peu, la pauvre petite. Dame ! ce n’est pas très gai, cette solitude, surtout quand on a comme elle des goûts un peu mondains.
— Elle aime tant le monde ?