Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

Amy Rolans, Deus mete t’àme en flurs !
Chanson de Roland.



Arsemar, debout sur la chaussée, attendait depuis longtemps, lorsque le train siffla et déboucha au tournant de la voie. Pierre s’écarta d’un pas ; une émotion lui serrait la gorge ; il crut pleurer. Mais comme tous les hommes d’une affectivité profonde, il avait la pudeur de ses sentiments ; il baissa la tête, puis, lentement, releva le front. Georges était à la portière du wagon.

Arsemar s’empêcha de courir ; il une, les bras en avant, et longuement, serra les mains de son ami, sans rien dire.

Ils se regardaient dans les yeux ; de petites larmes mouillaient leurs cils.

Pierre remuait les lèvres pour émettre quelque parole, et n’y parvenait pas ; Georges se sentait dans un trouble délicieux.