Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je l’aime !

Le triste apaisement qu’il avait gagné tout à l’heure se retirait de lui.

— Il n’y a plus moyen, moyen de rien, vivre ni…

Pourquoi donc n’y avait-il plus moyen de mourir ?

— Je l’aime !

Il se tordait sur le tapis.

— Là, elle a dormi là !

Il jetait ses bras sur la couche vide, et roulait son front dans les toiles, et croyait y sentir un parfum.

— Je t’aime, je t’aime !

L’amour fauve était revenu.

Et longtemps, comme si sa passion dût la ramener là, il répétait : « Je t’aime ! Viens ! »

N’allait-elle pas entrer ? Si elle frappait à la porte ?

Alors, on frappa.

— C’est elle !

Il se dressa, hagard, le dos tourné au lit défait, serrant l’oreiller sous ses ongles, et la porte s’ouvrit.

— Lui !

Georges s’arrêta sur le seuil.

— Qu’est-ce que tu viens chercher ici, encore ?

Georges restait immobile.

— Il n’y a plus rien pour toi ! Tu vois bien qu’elle n’est pas là !

Georges, suppliant, tendit les mains.

— Mais va-t’en ! Tu ne vois donc pas que ta présence me fait souffrir ! Va-t’en, mais va-t’en donc !

Georges s’en alla, humblement.