— Tu as froid ?
— Non… Oui, j’ai froid.
— Nous allons rentrer, maintenant ?
Georges se leva ; Pierre suivit.
— Mais, moi, je ne peux pas… remonter, là-haut, dans… la chambre.
— Tu prendras mon lit.
— Et toi ?
— Ne t’occupe pas, j’ai donné des ordres.
— Georges, mon Georges, je suis bien malheureux !… Qu’est ce que nous avons donc fait de mal pour souffrir comme cela ?
Quand ils furent dans la chambre de Desreynes :
— Est-ce que tu vas me quitter déjà ?
— Non, je reste.
— Ça ne t’ennuie pas trop ?
— Peux-tu croire ? Ce qui me désole. Pierre, c’est de te voir ainsi, c’est de songer que par moi, par mon crime…
— Tais-toi ! Tu ne veux donc pas me laisser oublier… Être mort !
Georges s’assit en face de lui : il revit derrière les rideaux, comme au jour de l’arrivée, la lune. Il se souvint de la veillée troublante…
Voilà donc où on l’avait mené ! Deux mois avaient suffi ; à son tour, il ne pouvait croire. Il était pourtant bien accoutumé à son remords, mais en se retrouvant dans un cadre où, pour la première fois, il avait senti passer l’inadmissible soupçon du mal, il