qu’il ne comprit pas aussitôt, donnait à la calomnie un air de certitude qui l’outrageait pour les victimes. Sans nul doute, des racontars de l’antichambre pouvaient seuls autoriser des affirmations si précises : la preuve qu’il demandait une à lui, dès qu’il fut aux ateliers.
Barraton rôdait autour du comte, guettait son passage, et lui souriait ; il ne se décida à l’aborder qu’en le voyant partir,
— Bien des pardons, monsieur d’Arsemar, mais je…
— Qu’y a-t-il, mon ami ?
— Une chose à vous dire, et pas commode, rapport à la peine que je vous ferai ; ma bourgeoise me rebâchait assez qu’il vaut mieux ne pas se mêler des affaires des autres, et que j’allais risquer ma place ; mais, aussi vrai que vous… Enfin, suffit, j’ai cru qu’il fallait dire ça… Entre honnêtes gens, on doit s’aider, n’est-ce pas, si on ne veut pas être dévoré comme des loups ?
— Parlez sans crainte, Barraton.
— Vous êtes trop bon, monsieur le… Voilà… On dit des mauvaises choses sur votre dame.
Était-ce donc une obsession, et ne pourrait-il, dorénavant, faire un pas sans entendre partout l’abjecte diffamation ? En vérité, cette phrase l’étonna peu, car il l’avait prévue et redoutée dans les ambages de l’ouvrier. Lorsque notre esprit est occupé d’une pensée, nous la retrouvons ou l’attendons en tout.