— Que cela va être amusant !
Elle alla, comme sœur Anne, voir si personne n’arrivait.
— Sept heures ! Mais j’ai faim, moi !
Elle monta à sa chambre : elle passait d’un siège à l’autre ; elle arrangea ses cheveux devant une glace.
— Voilà bien les hommes ! N’est-ce pas inconvenant de me faire attendre ainsi ? Tous égoïstes !
Elle choisit un livre et ne l’ouvrit pas.
— Si je changeais de robe ?
Elle revint à son miroir et se fit une moue câline.
— Non, tu es belle… C’est impatientant ! Je fais mieux que Louis XIV, qui a failli attendre. Est-ce que quelqu’un se croirait des droits à se faire espérer ? Pierre est au tribunal, mais l’autre ? Bah ! Le pauvre garçon hésite à rentrer, affirma-t-elle en riant. Les hommes sont si bêtes !
Car le bonheur rend indulgent.
Elle redescendit devant la maison, puis, tout à coup, elle eut la tentation d’aller au pavillon, pour revoir : elle y courut.
Là, un vestige la prit, puis une pudeur de vierge : elle voulut déranger les foins, mais hésita au moment d’y toucher. « Ce serait dommage. »
Elle se rappelait : ses yeux, sous la clarté du crépuscule, luisaient, noyés de langueur.
— C’est bien scabreux, ce que j’ai fait.
Elle revint en sautillant comme un oiseau.
Pierre fumait sur le seuil du perron.