Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui aussi, il redescendit les sentiers : il reconnaissait chaque place où une étreinte les avait enserrés ; il y stationnait ; son imagination s’allumait au souvenir du bonheur promis et perdu ; des visions lascives le hantaient. Il allait et venait, en contemplant à terre les mousses encore froissées. Il prit un autre chemin et arriva au pavillon où Jeanne devait l’attendre.

— Est-ce vous, Georges ?

Il rêvait avec l’autre : cet appel le troubla comme une surprise. Jeanne disait d’une voix faible :

— Venez m’aider… Vite…

Il vint, il entra ; il n’aperçut rien d’abord ; et soudain, il la vit, demi-nue sous son peignoir entr’ouvert : des gouttes d’eau glissaient encore sur sa peau brune. Il lui sembla qu’elle s’approchait de lui, incertaine, les bras tendus, les cils baissés…

La dernière pudeur des femmes n’est point de ne pas se montrer nues, mais de fermer les yeux, alors, pour ne pas voir les yeux qui les regardent.