Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plusieurs s’ennuyaient : on entendait les mesures d’un quadrille.

— Ces gens de la capitale ont des idées bien subversives et nuisibles au bon ordre.

— Pourquoi viennent-ils chez nous ? Les derniers venus font les cimetières bossus.

— Je crois que le comte se prépare une candidature aux élections prochaines.

— Il n’aura pas ma voix.

— Ni la mienne : c’est un charmant homme, au fond.

— L’ami est bien déplaisant.

— Demandez à la comtesse.

— La sous-préfète ne pense pas ainsi.

— Chacun aime les têtes qui lui plaisent.

— Voyez comme Mme  d’Arsemar les regarde !

— On la dirait jalouse.

— Quelle toilette ! Si ma femme…

Jeanne accosta Desreynes :

— Prenez garde de négliger votre Juliette, ô Roméo.

Elle fit deux pas, et, revenant :

— Je vous préviens qu’elle est déjà mariée sous le régime de la communauté.

Elle reprit le bras du baron. Il déclama :

— Comme vous me quittez pour lui, ô perfide ! Vous ne voulez donc pas m’aimer ?

— Ne le demandez plus, je me le demanderai peut-être.

— Je voudrais baiser vos épaules.