Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Georges revint à la bibliothèque et s’y enferma ; Merizette l’en plaisantait : aisément, car elle ressentit une sorte de sincère répugnance pour cette curiosité presque honteuse, mais sans imaginer qu’elle dût se mépriser du même coup.

Et, jour par jour, Georges sembla devenir triste.

Il éprouvait une langueur indéfinie, qu’il attribua à la dernière révélation de Jeanne, et se reprocha d’attacher tant d’importance à cet enfantillage. Les journées lui paraissaient sans terme. Un besoin de changement l’appelait-il déjà ? Il examinait les arbres d’un air ennuyé ; lorsque Jeanne était à son bras, il l’oubliait ou la regardait trop. Pourquoi donc ? Il tomba dans de longs silences, qui n’étaient remplis d’aucune pensée intérieure ; il répondait par des monosyllabes étonnés. En vain, la jeune femme développait mille grâces ; il semblait ne lui donner qu’avec effort un sourire complaisant et distrait. Ces prostrations le prenaient même parfois en compagnie de Pierre. Il crut qu’une décadence intellectuelle commençait pour lui.

— Ah, je suis bien fini !

Il se déclara que cette vie nouvelle lui avait un instant rendu quelque santé, mais qu’il ne se trompait guère, lorsqu’en quittant Paris il disait « trop tard » à la guérison.

— Qu’est-ce que tu as donc, mon pauvre Georges ? demandait Arsemar.

— Rien.