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nommé Heliodonis Hessus, fils d’Eobanus Hessus, qui demeurait à Saint-Vincent, dans un ingenio ( établissement où l’on fait le sucre), qui appartenait à un Génois, nommé Josepe Ornio. Cet Héliodorus était l’écrivain et l’intendant de la plantation, et j’avais été autrefois très-lié avec lui, parce qu’après mon naufrage près de Saint-Vincent, à bord du vaisseau espagnol, je l’avais trouvé dans cette colonie, et il m’avait traité avec amitié. Il venait pour voir comment je me portais, ayant entendu dire que j’étais malade.

J’avais envoyé la veille mon esclave dans les bois pour chercher du gibier, et lui avais promis de venir le reprendre le lendemain, afin que nous eussions de quoi manger, car dans ce pays on n’a guère que ce qui vient du désert.

Pendant que je traversais la forêt, j’entendis près de moi des sauvages qui poussaient de grands cris, selon leur usage. Je m’en vis bientôt entouré et exposé à leurs flèches. A peine avais-je eu le temps de m’écrier : « Sei-