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comme toi, et je ne suis pas venu ici pour aider les sauvages à te dévorer, mais parce que mon maître m’a amené. » Il me répondit qu’il savait bien que les blancs ne mangeaient pas de chair humaine.

Je cherchai à le consoler en lui disant que son corps seul serait dévoré, mais que son âme irait dans un lieu de délices, où il trouverait les âmes des autres hommes. Il me demanda si c’était bien vrai, ajoutant qu’il n’avait jamais vu Dieu. Je lui promis qu’il le verrait dans l’autre vie.

Pendant la nuit il s’éleva un ouragan si violent, qu’il endommagea les toits des cabanes. Les sauvages alors me dirent en colère : « Apo Meireh geuppaw y wittu wasu immou. » C’est ce méchant homme qui en est cause, car il a regardé toute la journée dans les peaux du tonnerre : ils voulaient parler du livre dans lequel j’avais lu, m’accusant d’avoir produit cet orage pour empêcher leur fête, et sauver cet esclave parce qu’il était l’allié des Portugais.