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AU CLAIR


Sa main plus rose que l’ouïe
Des goujons au reflet changeant,
Sert les poissons d’or et d’argent
À sa clientèle éblouie.

Il faut la voir aller, venir,
Dans sa boutique fabuleuse
Où la pêche miraculeuse
Semble étaler son souvenir.

Pour lui plaire, sa marchandise
Adoucit ses bouquets salins,
Les homards deviennent câlins
Les moules se font friandise.

Rivales des beaux harengs-saurs,
Près des turbots tout ronds aux teintes
Blafardes de lunes éteintes,
Les carpes allument leurs ors.

Les saumons aux mines paternes,
Voisins des caviars rancis,
Comme des amoureux transis
Ouvrent de grands yeux ronds et ternes.