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avec entrain la rive opposée, sous le feu de l’ennemi. Tout de suite Paradis fit battre la charge, et à la tête de son périt bataillon se jeta impétueusement sur les Hindous.

À la vue des baïonnettes étincelantes, de « ces démons qui s’avançaient en hurlant », le cœur des soldats d’Anaverdikan se glaça ; sans attendre le choc, ils prirent la fuite. Saint-Thomé était tout près. Les forteresses attirent les fuyards ; tous se précipitèrent vers Saint-Thomé. Paradis les poursuit avec vigueur. Il arrive au moment où les Hindous s’entassaient dans la ville. Il s’arrête, ouvre un feu nourri qui enfile les rues, et couvre ces hordes effarées d’une grêle de balles. C’est un massacre ; les Hindous s’écrasent pour fuir par la porte opposée restée libre, et gagnent à peine la campagne, que des décharges retentissent sur leurs flancs et tracent des sillons sanglants dans cette masse épouvantée. C’est la garnison de Madras qui entre en ligne à son tour et coupe la retraite aux troupes de Maphiskan, qui, dans la plus effroyable déroute, se dispersent de toutes parts et ne s’arrêtent qu’après une course folle de plusieurs milles dans la direction d’Arcate.

Ces deux victoires eurent dans l’Inde un immense retentissement ; on comprit que ce n’étaient pas seulement deux étonnants faits d’armes ; il demeura évident que ces deux journées constituaient une date mémorable, et qu’elles inauguraient une ère nouvelle pour la péninsule. L’infériorité de l’Hindou devant l’Européen était démontrée. Les nababs n’étaient plus les maîtres de l’Inde ; les balles de Saint-Thomé avaient