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leur ordre, qu’une seconde décharge retentit, puis une troisième, arrêtant net l’élan de cette cavalerie si terrible tout à l’heure. Les Hindous, comme fascinés par la rapidité de ce tir, dont ils n’avaient pas l’idée, restèrent un moment devant la ligne française, sans avancer ni reculer. La quatrième décharge détermina une déroute, un sauve qui peut. Les Français n’avaient même pas un blessé ! Les troupes rentrèrent à Madras, ivres de joie.

Au moment où les fuyards arrivaient comme un tourbillon devant le quartier général de Maphiskan, ce dernier apprenait que Paradis, à la tête de son faible corps d armée, avait quitté Pondichéry et s’avançait à marche forcée vers Madras. Maphiskan ne voulut pas recevoir dans ses lignes l’attaque combinée de la garnison et de l’armée de secours. Il résolut d’écraser les Français avant qu’ils eussent pu communiquer avec Madras. Il décampa, laissant devant la place un rideau pour masquer son mouvement, et prit position près de Saint-Thomé sur la rive droite de l’Adyar, que Paradis avait à traverser dans sa marche. Il s’y croyait solidement établi et ne se doutait pas qu’enveloppé dans les mailles d’un filet dont Dupleix tenait les cordes, il était à la veille d’un désastre.

Cependant Dupleix, du fond de son cabinet, penché sur ses mauvaises cartes, mais admirablement servi par ses espions, recrutés dans les sectes opposées à l’islamisme, suivait les mouvements de l’armée du nabab. Il en informait jour par jour ses deux généraux, il tenait pour ainsi dire Maphiskan dans sa main et pouvait fixer le point précis où il le battrait. Il vit donc avec tranquil-