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redoutable. Était-elle irrésistible ? Avant qu’elle eût rassemblé ses forces, on avait quelques jours. En mettant à profit ces heures si brèves, on pouvait ramener les chances. La rapidité était ici l’élément du succès. En concentrant toutes les forces disponibles contre la coalition, en la frappant comme d’un coup de tonnerre, on la brisait en morceaux. Les vaisseaux anglais étaient à l’ancre dans l’Hougly. Les troupes de la Grande-Bretagne se formaient lentement à Bombay et à Calcutta ; on avait deux mois devant soi, avant de sentir leur effort. Sur la côte de Coromandel, le fort de Saint-David restait seul en la possession des Anglais, et il n’était occupé que par quelques fuyards, qui y avaient cherché un refuge. Le nabab était plus dangereux ; on l’avait déjà sur les bras. Il fallait fondre sur son armée, l’écraser tout de suite. Ces bataillons en fuite, quel prestige pour Dupleix dans l’Inde ! C’était bien plus que la paix avec Anaverdikan, c’était le nabab lui-même à nos pieds !

Tout cela pour Dupleix, ce fut l’évidence même. Le génie se décide vite. Le gouverneur de Pondichéry avait un effectif de troupes ridiculement faible ; mais leur esprit n’était pas mauvais, et le chef qu’il leur imposait, c’était Paradis, avait de l’énergie, de l’audace, du feu, un mépris suffisant pour l’Hindou, avec l’entente de la guerre asiatique et une volonté ferme de ne jamais reculer. On pouvait entièrement se fier à ce vieux soldat, d’origine suisse. Dupleix lui expliquait tout ce qu’il attendait de lui et remuait ciel et terre pour organiser et équiper 230 Européens et 700 cipayes dont il confiait le commandement à « son vieil ingénieur ». Il