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tion, et pour la ruiner, ne recula pas devant une surcharge de la convention qui constituait un véritable faux. Il intercalait entre le deuxième et le troisième article ces mots : « Pour faciliter aux Anglais le rachat de Madras et rendre valide les actes passés, en conséquence le gouverneur anglais et son conseil cesseront d’être prisonniers de guerre au moment où ils entreront en négociation », et il soutenait avec impudence que ce dispositif avait été inséré dans le protocole original de la convention, au moment de l’entrée dans la ville.

Il réunit les membres du conseil anglais de Madras et leur donna lecture d’un traité par lequel Madras était restituée moyennant onze cent mille pagodes, et l’évacuation était fixée en janvier. Bien qu’il eût dans sa poche la lettre du conseil qui rejetait ces bases, il eut le cynisme de certifier qu’elles avaient été approuvées par le gouvernement de Pondichéry. Les conseillers anglais et lui-même apposèrent leur signature sur le traité, que l’on envoya aussitôt à Pondichéry.

La Bourdonnais n’avait plus rien à faire à Madras. Il fit charger sur ses vaisseaux tout le butin qu’il put ramasser, et le 23 octobre, au milieu d’un fort coup de vent, donna à l’escadre réparée tant bien que mal l’ordre d’appareillage. Il partait, après l’échec d’un projet de reconstitution de la flotte, projet que Dupleix repoussait, parce que pour le réaliser, il fallait dégarnir entièrement Pondichéry en vivres, en munitions d’artillerie, ce qui eût été de la dernière imprudence, étant donné les événements qui se préparaient. La Bourdonnais s’en allait comme un criminel, chargé de haines et de mé-