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brait à grand bruit la sainteté du serment. Malheureusement, les actes étaient en désaccord avec les paroles ; s’il avait été sincère, il se serait soumis, et il s’enfonçait plus que jamais dans la rébellion. Le 4, pour priver les partisans de Dupleix de tout moyen d’action, il faisait embarquer par ruse les troupes de Pondichéry en les disséminant par petites fractions sur chacun de ses vaisseaux. Il menaçait la fille de Dupleix, madame Barnewal, mariée avec un Anglais, négociant à Madras, de la traiter en prisonnière et de la conduire aux îles, espérant, en inquiétant la sollicitude du père, faire fléchir la politique du gouverneur. Faux calcul ! Cette démarche odieuse pouvait écœurer Dupleix, non le faire céder. « Moi et ma femme, écrivait-il à La Bourdonnais, nous savons sacrifier notre tendresse au devoir. Entièrement dévoué au service du roi, cette menace ne m’ébranlera pas. Non, Monsieur, je ne puis rien changer aux ordres que le conseil supérieur a donnés avec connaissance de cause. Les troupes de Pondichéry ne suivront pas vos ordres lorsqu’il faudra évacuer Madras. Vous répondrez devant Dieu et devant les hommes du sang français que vous voulez répandre à Madras pour soutenir un traité faux dans tous les points, qui n’est pas signé, et dont la rétractation vous eût fait un honneur infini, si vous vouliez donner moins à votre orgueil et écouter le parti de la raison. »

La Bourdonnais ne pouvait opposer à cette foudroyante réponse que ses éternels accès de fureur et ses coups de force habituels. Il faisait à Bury une scène violente et avec des imprécations lui disait que Dupleix voulait la guerre civile par orgueil ; qu’il ne