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cation plausible, il écrivit à Dupleix : « Le sort de Madras est jeté. Que j’aie tort ou raison, je me suis cru en droit d’accorder une capitulation au gouverneur. Je serais le premier militaire qui n’eût pas le pouvoir de faire des conditions à ceux qui ont défendu les murs dont il se rend maître. Je m’étais engagé d’honneur à traiter avec les députés anglais du rachat du fort et de la cité ; c’est un des articles que je me sais obligé de leur tenir et une des conditions auxquelles on m’a ouvert les portes. » Et pour bien montrer que rien ne le ferait revenir sur sa détermination, il ajoutait : « Dussé-je le payer de ma tête, je ne sais pas me dédire. Regardez cela comme un malheur où vous n’êtes pour rien… Je vous prie de ne pas me barrer davantage. » Et deux jours plus tard, il reprenait avec plus d’arrogance : « Que j’aie été en droit ou non de capituler, c’est ce qui ne regarde ni vous ni votre conseil. Personne ici ne commande, que le roi dont je porte les ordres. J’irai lui rendre compte de ma conduite et lui porter ma tête. Conseilleriez-vous à votre frère de manquer à sa parole et de se déshonorer lui et son nom pour jamais à la face de la terre ? Rien ne m’aurait fait venir dans l’Inde pour y être subordonné. »

Il terminait en déclarant qu’il n’avait jamais vu dans l’affaire de Madras qu’un coup de main et un moyen de nuire efficacement aux intérêts financiers de la Compagnie anglaise. Et il faisait semblant de croire que toute l’opposition faite par Dupleix au traité prenait pour cause la faiblesse de la rançon !

Devant cette révolte et ces sarcasmes, Dupleix devait agir avec promptitude et énergie. Tout lui en faisait un