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dissiper ; il n’avait qu’à s’en inspirer comme d’une règle étroite. La Bourdonnais devait tout faire pour fournir à Dupleix les moyens d’exécuter la convention passée avec Anaverdikan. En contractant un traité avec les Anglais pour le rachat de Madras, La Bourdonnais annulait sciemment tout un ordre de mesures politiques arrêtées en conseil de gouvernement, alors que son devoir était d’obéir ; sciemment il compromettait l’honneur de la France et forçait le nabab à se jeter dans les bras des Anglais et à nous faire la guerre ; c’était donc plus qu’un abus de pouvoir commis par l’amiral.

La nouvelle de cette forfaiture indigna Dupleix, mais ne le surprit pas ; il n’en était plus à croire à la chevalerie de La Bourdonnais. « Je vous prie, lui mandait-il, de ne point regarder le conseil comme le mien, mais comme celui qu’il a plu au roi et à la Compagnie d’établir dans l’Inde.

« Il ne convient pas à un mince sujet comme moi d’avoir un conseil ; je me trouve honoré de le présider. Ce conseil, après avoir lu votre lettre, a trouvé qu’il ne pouvait entrer en matière avec vous, avant de savoir sur quel pied vous vouliez traiter avec lui. Il n’ignore pas que vous faites peu de cas de ses décisions. Pour peu que vous vouliez vous prêter aux arrangements prescrits par le roi et la Compagnie, vous pouvez compter qu’il sera le premier à vous seconder dans tout ce qui pourra contribuer au bien de la Compagnie.

« Vous avez vu l’an dernier un ordre du roi pour que les capitaines de vaisseau eussent à suivre les