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dominantes à la guerre, le coup d’œil et la promptitude de décision ! Ce ne fut pas pour longtemps. Il changea d’avis soudain et se mit à la recherche de l’escadre anglaise.

Le commodore, à la vue de nos voiles, fit à ses vaisseaux le signal d’appareillage vers le sud ; au déclin du jour, les huniers des navires ennemis avaient disparu à l’horizon, derrière ce voile de vapeurs chaudes qui le soir s’élèvent des rivages de Ceylan.

La Bourdonnais virait de bord, lui aussi, et regagnait Pondichéry le 25, sous l’empire d’une nouvelle défaillance morale. C’était le cas de reprendre le projet du 14, de se rendre devant Madras et d’y donner l’assaut, puisqu’on n’avait rien à craindre de la flotte de Peyton, qui ne pouvait arriver que bien après l’attaque, seulement lorsque le pavillon français flotterait sur les murs, réarmés et remis en état de défense ; mais La Bourdonnais était de nouveau le jouet de l’hésitation et du trouble.

Cette phrase d’une lettre de Dupleix datée du 23 : « J’avais tout lieu d’espérer que vous seriez venu à bout de détruire ou de dissiper l’escadre anglaise ; mais le parti que vous avez pris de la laisser subsister et fuir dans son entier m’a plongé dans un mortel chagrin », avait rallumé la colère, la jalousie de l’amiral. Il s’écriait qu’il connaissait la guerre, qu’il n’appartenait pas à des marchands de lui en remontrer, à lui, qui était du militaire ; qu’on devait laisser la conduite des opérations à ceux qui exposaient leur vie. Animé vraisemblablement par l’espoir de diviser le conseil de Pondichéry et de mettre Dupleix en minorité, il écrivit