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pleix, décidé à lever cet obstacle, n’épargnait ni l’or, ni les caresses, et profitait habilement du sans façon des Anglais, dont l’envoyé, par une dérogation inouïe aux lois de l’étiquette, paraissait devant le nabab les mains vides de présents et prenait avec le prince un ton maussade et revêche pour le sommer d’intervenir en faveur de l’Angleterre. Dupleix, en flattant l’orgueil blessé d’Anaverdikan, l’amenait enfin à garder une attitude de passive neutralité, au moins pour le début de l’expédition.

C’était une victoire diplomatique ; mais, pour en profiter, il fallait agir au plus vite.

Cependant l’amiral était plein d’énergie et de feu. Il montrait une entière confiance en Dupleix, à qui il disait : « En cas que je vienne à manquer, il n’y a personne dans mon escadre qui connaisse assez le pays ou qui soit d’une autorité assez forte pour en contenir les membres dans l’obéissance. Il faut donc que je vous laisse un pli cacheté, dans lequel je déclarerais que l’intention du roi et du ministre est qu’à mon défaut, toute l’escadre soit sous vos ordres… » Il était uniquement préoccupé du succès de l’expédition, tout en la considérant à un point de vue différent de celui de Dupleix, à qui il écrivait le 17 juillet : « Que pensez-vous que nous devions faire de Madras ? Pour moi, mon sentiment est d’en tirer les marchandises que nous y trouverons pour les embarquer dans nos vaisseaux, et de rançonner le reste ; car, quand nous bouleverserions toutes les pierres de cette ville, dans un an d’ici tout sera relevé, et Madras sera plus fort qu’il ne l’est aujourd’hui. » Cette manière d’envisager la question sen-