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autre que celle où je me suis trouvé depuis dix-huit mois. Vous pouvez compter sur toute assistance de ma part. L’honneur du succès vous appartiendra, monsieur l’amiral, et je me tiendrai pour satisfait d’y contribuer par des moyens qui devront leur valeur à vous-même. »

Ces marques de sympathie, cette abnégation, cet enthousiasme pour l’idée commune touchaient La Bourdonnais, qui répondait dans un élan spontané : « Nous devons nous regarder comme également intéressés au progrès des événements et agir de concert. Pour ma part, monsieur, je me dévoue entièrement à vous, et je vous jure une parfaite confiance. » C’étaient là de beaux sentiments, qui ne devaient point durer. Le contact journalier allait les éteindre. Entre ces deux hommes, l’accord était impossible. Le caractère de La Bourdonnais constituait un empêchement absolu à toute entente.

La légende créée autour de ce nom persiste encore, et La Bourdonnais, quand l’imagination l’évoque, se montre sous les traits d’un soldat à la fois intrépide, doux, bienfaisant, les lauriers au front, avec l’air de mélancolie sentimentale que Bernardin de Saint-Pierre lui a imprimé. On l’a jugé jusqu’ici avec la même indulgence que ses contemporains. On ignorait sa conduite. On était ému par les infortunes, par la longueur de la captivité du marin à la Bastille. On était pris par l’adresse avec laquelle il exploite ses services dans ses Mémoires. II apparaissait comme un héros entouré de l’auréole du martyr.

En réalité, La Bourdonnais n’est digne d’inspirer ni la pitié ni l’enthousiasme. La personnalité du gouverneur