Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un quai. La forêt où l’on allait chercher les bois nécessaires au gréement et aux charpentes était à trois kilomètres, et la presque totalité de cet espace formait un marais ; il improvisa une route. Les ateliers s’élevaient et fonctionnaient comme par enchantement. En quarante-huit jours, l’escadre était réparée ; mais on avait payé un terrible tribut au climat : 95 Européens, 38 nègres étaient morts.

Le 1er juin, La Bourdonnais fit voile vers le but tant désiré. Il apprit à Mahé que l’escadre anglaise croisait sous le commandement de Peyton, successeur de Barnett, devant Negapatam. Le 6 juillet, les deux flottes étaient en vue. Les Français cherchèrent à prendre l’avantage du vent, qui leur permettait le combat à l’abordage ; les Anglais s’efforcèrent de le conserver, pour garder la supériorité que leur donnait la portée de leur artillerie de gros calibre. À quatre heures, Peyton avait pu prendre une position qui lui permettait d’ouvrir à bonne distance le feu sur les Français. L’effet de cette canonnade était terrible. En peu de temps, les vaisseaux français étaient écrasés sous les boulets de 24 de l’ennemi. Ils perdaient leurs mâts. Le feu de nos pièces de 8 et de 12 faisait peu de mal aux navires britanniques.

On allait à une défaite, quand La Bourdonnais, pour donner du répit à ses capitaines, lançait son navire, l’Achille, de soixante-dix canons, au milieu de la flotte anglaise, et seul supportait plus d’une demi-heure l’effort de tous les vaisseaux. La nuit mit fin au combat.

On se retrouva le lendemain dans la même situation que la veille. L’inquiétude de La Bourdonnais grandis-