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et un vassal du Grand Mogol. N’était-ce pas une insulte à tous les feudataires du trône de Delhi ?

Ce qu’il y avait de force et de raison dans cet appel impressionna vivement Anaverdikan, qui au fond désirait maintenir la tranquillité dans sa nababie. « Il notifia donc à Morse qu’il ne permettrait aucune attaque des Anglais contre les possessions françaises de la côte de Coromandel ; qu’au reste, il userait de la même autorité pour empêcher toute agression des Français contre Madras. » Le conseil de la Compagnie d’Angleterre, aussi borné que le nôtre, tremblant devant le nabab, se soumit. Pondichéry était sauvé, mais au prix de notre prestige devant les Hindous.

Pour Dupleix, cette intervention n’était qu’un répit, qu’un moyen de gagner du temps. Il espérait malgré tout décider le ministère et le conseil à lui envoyer des secours. Il adressait à Paris appel sur appel : « Nous ne pouvons nous empêcher, écrivait-il le 11 janvier 1746, de vous laisser voir notre douleur et notre étonnement de la conduite de la Compagnie à l’égard de ses colonies de l’Inde. Si le cri de notre conscience ne nous rassurait, nous pourrions croire que nous sommes des proscrits. Se peut-il que, depuis deux ans que la guerre est déclarée, la Compagnie n’ait même pas songé à envoyer un navire ? » Et quelques mois plus tard : « Si nous ne recevons dans le cours de cette année aucun secours sérieux, la Compagnie peut compter les établissements de l’Inde comme perdus. Est-il possible qu’une seule année fasse perdre le fruit de vingt-cinq ? » Il avait fait partir pour l’île de France, sur son unique vaisseau, un officier chargé d’exposer à La Bourdonnais la situation