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plus tard jouer un rôle important à côté de Dupleix, avait été pris dans Trichinapaly par les Mahrattes, après un long siège. Nizam-el-Molouk, soubab du Décan, contrée circonscrite entre la Nerbuda et la Chichena, était venu, comme suzerain du Carnate, réprimer les révoltes de la noblesse de cette province. En partant, il avait remis le pouvoir à Anaverdikan, dont il connaissait l’énergie et la fidélité.

C’était cet homme que Dupleix voulait gagner à la cause française. Le caractère d’Anaverdikan se prêtait à un tel projet. Le nabab nous aimait ; il nous était attaché par les liens de la reconnaissance. La famille de Sufder-Ali, presque entièrement disparue, mais pour qui il avait gardé un culte, avait été l’obligée de la France. Lors de l’invasion mahratte, fuyant devant ces hardis cavaliers, elle était venue se réfugier à l’abri des remparts de Pondichéry. Dumas, prêt à courir les risques d’une guerre, plutôt que de commettre une lâcheté et une faute, était resté sourd aux menaces des Mahrattes et avait fièrement refusé de livrer les hôtes de la France. Avec une nature comme celle d’Anaverdikan, en évoquant ces souvenirs, on avait presque cause gagnée. Dupleix, dans ses lettres, rappelait tous ces services, puis il insistait sur les dispositions pacifiques des Français, uniquement occupés de commerce. Il en donnait comme preuve sa démarche près de Morse. N’avait-il pas demandé aux Anglais la paix ? Ceux-ci n’avaient-ils pas repoussé toutes ses sollicitations ? Cette nation, qui ne respirait que la guerre, voulait chasser de l’Inde un peuple paisible, ami des nababs, et dont le gouverneur était lui-même un officier