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et qui, en me confiant toute leur fortune, m’ont aidé à faire une partie des avances dont je demande aujourd’hui le remboursement. L’impossibilité où je suis de payer ces personnes, qui n’ont d’autre bien que celui qu’elles m’ont confié et qui partagent mes malheurs sans me reprocher ce qu’elles souffrent à mon occasion, me met dans la nécessité de les loger et de les nourrir. Pourrais-je sans la plus noire ingratitude me séparer d’elles[1] ? »

Dupleix se remaria à la fin de 1758. Il épousa mademoiselle de Chastenay-Lanty, personne de bonne naissance. Dupleix trouva dans sa nouvelle femme une campagne dévouée ; mais cette union, que la raison avait conseillée, ne rétablit pas la fortune de Dupleix, car mademoiselle de Chastenay-Lanty n’avait eu qu’une dot fort mince. Le procès continuait avec la Compagnie, suivant tous les détours d’une procédure de chicane, seule ressource des directeurs. Dupleix n’avait pu toucher un liard des sommes qu’on lui devait. Il arrivait au dénûment. Bussy lui-même, qui devait être son gendre, le délaissa dans cette extrémité et ajouta son nom à la liste de ceux qui le poursuivaient.

« Mes créanciers m’écrasent dans l’Inde et à Paris. Je meurs de faim au milieu d’une fortune considérable acquise par un patrimoine honnête et augmentée par trente-quatre ans des services les plus brillants, fortune que j’ai sacrifiée avec la plus grande générosité pour faire des acquisitions immenses à la Compagnie, qui peuvent, si l’on sait suivre mes idées et ce que j’avais

  1. Cartwright.