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de faire défection. Il ne cachait pas le désarroi où l’avait jeté la disgrâce de Dupleix.

Godeheu ne fit rien pour empêcher ces désertions. Il ne chercha même pas à profiter de la supériorité numérique que ses effectifs avaient sur ceux des Anglais, pour rétablir par quelque succès le prestige de nos armes. Avec trois mille hommes de troupes européennes, il resta dans l’inaction ! Lui-même l’a avoué, il n’avait qu’une préoccupation, faire le contraire de ce qu’avait fait Dupleix. Il déclarait que son ouvrage était nécessairement la critique de celui de son prédécesseur. Godeheu, ce sot plein de morgue, ne croyait pas si bien dire. En vérité, sa politique était bien la négation de celle de Dupleix. Celui-ci avait voulu assurer à la France la possession de l’Inde, Godeheu allait la donner à l’Angleterre.

Au lieu de saisir l’occasion, d’envoyer à l’armée de Trichinapaly tous les soldats disponibles, afin d’écraser Lawrence sous le poids de la masse, il déclara que le siège de Trichinapaly était la plus grossière des erreurs stratégiques, que la prise de cette ville n’avait aucune importance puisqu’on voulait la paix, qu’enfin il fallait aguerrir les troupes avant de tenter quelque mouvement, et que pour cela, le moyen le meilleur, c’était, comme disaient les instructions de la cour, d’enfermer dans un camp les bataillons nouvellement débarqués ! Il révoqua de son commandement Mainville, dont l’énergie le gênait, et le remplaça par Maissin, qui lui semblait devoir être plus souple. Il l’enchaîna par des ordres pusillanimes ; il lui enjoignait de ne combattre que contraint, absolument forcé.