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grandes victoires, n’auraient osé tant espérer, et ces propositions, on les leur faisait au moment même où ils venaient d’être défaits, au moment même où un renfort de deux mille soldats arrivait à Pondichéry ! On n’y gagnerait même pas la prospérité du commerce. Pourrions-nous trafiquer alors que les Anglais seraient les maîtres de l’Inde ? On ne comprenait donc pas en France la puissance que la possession de l’Inde donnerait à la nation ? La ténacité des Anglais, leur ardeur à nous disputer l’empire de ces vastes contrées n’éclairaient donc pas le ministère et les directeurs ?

Ces plaintes, ces avertissements étaient insupportables à Godeheu. À tout prix il fallait faire partir Dupleix. Plus de deux mois et demi ne s’étaient-ils déjà pas écoulés depuis le jour où celui-ci avait reçu ses lettres de rappel ? « Quel répit, disait Godeheu, devais-je donc lui donner ? D’ailleurs puis-je contrevenir aux ordres du ministre, qui portent : Le sieur Godeheu fixera un délai à Dupleix pour embarquer ses effets, et ce délai sera le moins long qu’il sera posible. »

Godeheu reprit l’air doucereux et écrivit à madame Dupleix : « La saison qui s’avance, Madame, et la crainte des révolutions ordinaires, m’obligent de presser le départ des vaisseaux le Duc d’Orléans, le Duc de Bourgogne, le Centaure. Je compte que les deux premiers seront prêts à appareiller du 8 au 10, et j’ai chargé M. Lobry de vous en parler, ainsi qu’à M. Dupleix : si j’en juge par moi, je crois allier votre inclination au bien du service, car il est bien doux d’aller en France et de n’être point exposé aux accidents qui, retardant un départ, empêcheraient de rendre une traversée