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portion avec celui qui est de Pondichéry à Gingy. »

Ces instructions détestables, Godeheu était décidé à les exécuter à la lettre, sans tenir compte des circonstances, sans même s’apercevoir qu’elles avaient été écrites sous l’impression du désastre de Trichinapaly. Il en fit connaître à Dupleix les principes et l’ensemble ; les ordres de la Compagnie l’obligeaient à cette démarche qui ne pouvait avoir de résultat, « car on n’entend nullement prescrire à M. Godeheu un concert nécessaire avec M. Dupleix, encore moins adopter son système et ses vues, dont on n’éprouve que trop les fâcheuses conséquences. Le vœu suffisamment connu de la direction et ce que l’on a pu apercevoir des sentiments des actionnaires dans les deux dernières assemblées générales, doivent faire apercevoir à M. Godeheu combien l’on craint que les principes de M. Dupleix ne prédominent et combien il doit être attentif à se garantir de leur illusion. »

En vain Dupleix remontra au délégué du conseil de Paris que traiter sur de telles bases, c’était funeste et déshonorant. En vain il dit que pour l’amour de la tranquillité, on perdait l’Inde ; qu’au lendemain du désastre de Trichinapaly, on eût subi de telles conditions, cela se comprenait encore. Mais aujourd’hui, alors que les affaires étaient relevées, cela passait l’imagination. Quoi ! la France offrait légèrement, sans y être contrainte, de renoncer au rôle de puissance politique dans la Péninsule, de se reléguer dans une occupation purement commerciale, de paraître enfin comme une esclave de l’Angleterre, sur ce sol où elle avait exercé sa domination ! Jamais les Anglais, après les plus