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voyant chargé de cette commission, et de ce que le choix est tombé sur moi plus que sur tout autre, puisque je me trouve par là en état de vous rendre un service qui ne serait pas venu dans l’esprit de bien d’autres. »

Dupleix se redressait pour interroger Godeheu, quand celui-ci, brusquement, sans lui laisser le temps de réfléchir, lui mit dans la main deux autres papiers. Le premier, c’était l’ordre du roi qui révoquait le conquérant de l’Inde de ses fonctions de gouverneur ; le second, signé du commissaire, était une demande d’un rapport détaillé sur l’état des affaires.

Dupleix fut assez maître de lui pour ne manifester aucune émotion à cette lecture ; on le vit seulement pâlir. Il répondit « qu’il ne savait qu’obéir au roi et se soumettre à tout ». Puis, après un très-court silence, il pria Godeheu « de lui remettre d’autres ordres, s’il en avait encore à lui intimer, en l’assurant qu’il les recevrait avec la même constance que les premiers ». Il fixa le commissaire un instant, il eut « un geste d’étonnement », puis un regard de mépris pour le faux ami, et ce fut tout. Avec un soupir il se redressa, prêt à marcher.

Godeheu alors, doucereusement, le pria de faire assembler le conseil, pour y faire lire et enregistrer la commission dont il était porteur. Les ordres de convocation donnés aussitôt, Dupleix, marchant aux côtés de Godeheu, se rendit au palais du gouvernement et traversa de son pas ordinaire les galeries qui conduisaient à la salle du conseil, vaste pièce « exposée à tous les vents, où circulait un air frais au travers d’une colonnade plus blanche que l’albâtre », entourée de veran-