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Le gouvernement de Louis XV désigna Godeheu pour exercer les fonctions de commissaire de la Compagnie. Celui-là aussi était un esprit étroit, qui cachait la fausseté sous des dehors austères. C’était un envieux, sans intelligence, porté par nature à se prosterner devant les hommes au pouvoir, quitte à les insulter après leur chute ; avec cela l’allure doucereuse d’un félin. Dupleix, quoique lié avec lui, n’avait jamais soupçonné la bassesse de ce caractère.

Godeheu accepta, avec un empressement masqué sous l’attitude de la résignation au devoir, la mission de déposer, d’arrêter même son ami, enfin de prendre la place de celui-ci ! Il avait ces deux ordres en poche, au départ : « Il est ordonné au sieur Godeheu, commissaire de Sa Majesté et commandant général des établissements français aux Indes orientales, et en cas de décès au chevalier Godeheu, de faire arrêter le sieur Dupleix et de le faire constituer sous bonne et sûre garde, dans tel lieu qu’il jugera convenable, et de le faire embarquer sur le premier vaisseau qui partira pour France. Fait à Fontainebleau, le 22 octobre 1753. Signé Louis, contresigné Rouillé. »

« Si le sieur Dupleix obéit à l’ordre de reconnaître le sieur Godeheu et de lui remettre le commandement, il sera inutile de faire usage du premier ; mais s’il en était autrement et qu’il se prévalût de la modération avec laquelle on en use à son égard, le sieur Godeheu lui ferait alors remettre la lettre qui porte son interdiction et en ferait publier l’ordonnance. Si, contre toute apparence, le sieur Dupleix ne déférait pas à cette interdiction, le sieur Godeheu le ferait arrêter. Si le