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précisément dans les conférences actuelles où les représentants des deux Compagnies cherchaient les moyens d’arrêter des hostilités engagées sans leur ordre. Duvelaer rétorqua contre Saunders les accusations qu’on accumulait sur la tête du gouverneur. Les Anglais déclarèrent alors qu’ils désiraient la paix et qu’ils étaient prêts à tout pour l’obtenir ; qu’ils ne feraient aucune difficulté pour rappeler Saunders, si la France voyait dans la personne de celui-ci un obstacle au rétablissement de bonnes relations entre les deux Sociétés, mais qu’ils demandaient en retour qu’on relevât Dupleix de son poste. C’était là, ajoutaient-ils, le seul moyen de mettre fin aux troubles, que le maintien de Dupleix rendrait éternels.

Ni Duvelaer, ni l’incapable Mirepoix, l’ambassadeur de France, ne soupçonnèrent le piège. Oubliant que le conseil d’un ennemi n’est jamais désintéressé, ils crurent à la sincérité des Anglais. Ils en référèrent à Machault, alors garde des sceaux. Le ministre[1], « qui cachait sous un extérieur froid et une contenance assez grave le petit fond de ses connaissances, voilé par le prestige d’un langage laconique, clair et exact », était la plus despotique des médiocrités. Il était affamé de paix et persuadé que, si l’on ne sacrifiait pas Dupleix, il faudrait soutenir la guerre contre l’Angleterre, sans s’apercevoir que les hostilités duraient depuis longtemps et que tout ce qu’on pourrait faire n’y apporterait que des répits de courte durée.

Il ne se douta pas que son devoir était de favoriser

  1. Mémoires de Bernis.