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autres. Maîtresse de cette ville, la nation serait maîtresse du commerce de Chine. Le domaine de Macao serait d’un revenu considérable. Cinq ou six cents hommes de garnison assureront bientôt cette possession ; on y trouvera la plus belle artillerie du monde et en abondance. Il s’agira seulement d’en faire meilleur usage que les misérables habitants de cette ville. Duvelaer a habité longtemps cette place et pourrait vous donner des connaissances meilleures que les miennes. »

Alors Dupleix mène la guerre avec une énergie terrible. Afin de frapper l’imagination des Indiens et de leur montrer que, comme un Dieu, il dispose des éléments pour châtier ses ennemis, il conçoit le projet de jeter le fléau de l’inondation sur les États du rajah de Tanjore, le seul, le dernier allié des Anglais. Il donne l’ordre à Mainville de reprendre Coilady et de rompre aussitôt la digue du Cauveri. Mainville exécuta adroitement l’opération commandée. Ce fut un déluge. Les eaux s’abattirent sur les plaines du Tanjore, emportant les récoltes et les villages, ne laissant que des cadavres et des ruines derrière elles. Épouvanté, le rajah se demanda s’il devait rester fidèle à l’alliance anglaise, qui l’exposait à tant de dangers. Il lui sembla qu’aucune puissance humaine ne triompherait de l’homme à qui les fleuves eux-mêmes obéissaient. Il reçut les agents secrets de Dupleix, il écouta leurs propositions et laissa voir qu’il méditait de faire défection aux Anglais, à la première occasion favorable. Évidemment il n’était retenu que par la présence de Lawrence, qui occupait la capitale avec ses troupes.

Ces dernières étaient bien amoindries. Elles avaient