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triomphe et l’amertume de la défaite ; mais, quoique en proie à la douleur, il n’éprouva point d’abattement. Il se roidit encore une fois contre le sort, et, fidèle à la tactique qui lui avait fait heureusement traverser tant de moments critiques, il reprit les négociations avec les Anglais pour les empêcher de recueillir les fruits de leur succès. Il écrivit à Saunders et lui proposa de nommer des plénipotentiaires et de désigner, d’un commun accord, une ville où se réuniraient les députés chargés de trouver les bases d’une entente pacifique. Au fond, pas plus alors qu’après ses revers précédents, il ne désirait la paix.

« J’attends, — écrivait-il à Bussy le 31 décembre 1753, — une réponse des Anglais pour faire partir des députés, afin d’entrer en conférence ; mais je crois, si vous voulez que je vous dise vrai, qu’elles n’aboutiront à rien, à moins que nous ne prenions le parti de nous déshonorer, ce que vous ne me conseillerez jamais de faire. J’ai proposé à Saunders de laisser la décision des affaires d’ici (du Carnate) à Salabet-Singue, qui dans le vrai est le parti le plus juste et le plus convenable.

« C’est sur quoi j’attends la réponse de Saunders ; mais je pense qu’il n’y acquiescera pas. Cependant vis-à-vis de sa cour, il se met dans son tort, s’il n’accepte pas cette proposition… Ne croyez pas que les Anglais soient gens sur la probité desquels on peut compter. Vous pensez que de finir avec eux serait une bonne affaire. Je pense que non. Tandis qu’ils seront ici occupés, ils ne porteront pas leur attention dans le Nord, où il convient que nous nous établissions tout doucement