Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« L’enfant née de cette union n’eut rien de cet abâtardissement maladif si généralement propre aux enfants des colons européens, qu’on ne soustrait pas au climat de l’Inde. Madame Dupleix était une femme d’un caractère supérieur, douée de la plus complète abnégation d’elle-même, et qui se montra aussi empressée à partager la mauvaise fortune de son mari qu’elle fut heureuse et fière de ses succès. À la grâce, aux charmes fascinateurs de l’Indienne, elle joignait les plus hautes qualités de l’intelligence et du cœur. Possédant à fond les dialectes de l’Inde, elle mit son bonheur à rendre à son mari, dans les moments critiques de ses relations avec les princes indiens, de ces services tout de confiance dont personne autre ne pouvait mieux s’acquitter qu’elle. » (Cartwright.)

La renaissance de Chandernagor avait frappé l’opinion en France et dans l’Inde. Aussi en 1741, après la démission de Dumas, les directeurs appelèrent-ils Dupleix au gouvernement de Pondichéry. C’était le poste le plus élevé dans la hiérarchie coloniale. Le gouverneur était une sorte de vice-roi, exécutant sous sa responsabilité les instructions du conseil des directeurs, nommés par les actionnaires, tout en gardant des pouvoirs très-étendus pour la conservation des forteresses et établissements de la colonie. Il avait le commandement des forces militaires. Il présidait un conseil de cinq membres, qui nommait aux emplois. « Toute l’administration reposait entre leurs mains. La justice était rendue et les lois appliquées au nom du roi. Les conseillers et le gouverneur étaient les employés de la Compagnie, qui pouvait les remplacer sans en ré-