Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Brenier avait deux partis à prendre, tenter l’assaut de Trichinapaly, — le succès de ce coup d’audace était à peu près certain, — ou se porter au-devant du convoi que Lawrence ramenait avec lui. Il pouvait, à l’aide de sa cavalerie, couper en trois ou quatre tronçons la multitude de bêtes de sommes, de voitures, de coolies, qui s’allongeaient à perte de vue sur la route de Tanjore à Trichinapaly, pendant que son infanterie attaquerait l’escorte anglaise. Il avait toutes les chances pour battre l’ennemi, tout au moins pour détruire la plus grosse partie du convoi. Dupleix lui remontrait la nécessité de se décider sur-le-champ pour l’une ou pour l’autre de ces deux alternatives, et l’exhortait, le choix fait, à agir avec énergie et rapidité. Mais Brenier, comme autrefois Law, hésitait, ne savait à quoi se résoudre. Attendant aujourd’hui tout des intelligences qu’il entretenait dans la place, il penchait pour l’assaut ; le lendemain, voyant des obstacles imprévus, il se reprenait au projet d’attaquer le convoi. Il tarda tant qu’il fut obligé de recevoir l’attaque de Lawrence dans ses lignes, et elles avaient un développement considérable. Elles s’étendaient depuis Sheringam, en passant par Veiconda, le Pain de Sucre, le Rocher Français, jusqu’au Cauveri. Il lui fallait garder toutes ces positions à la fois.

Lawrence, après une reconnaissance rapide, laissant le convoi en arrière, s’avança avec son armée, renforcée de cent soixante-dix Anglais et de cinq mille Tanjoriens. D’abord il fit mine de choisir pour point d’attaque le Pain de Sucre. Brenier, inquiet, dégarnit le Rocher d’Or. Profitant de cette faute, Lawrence lança à l’at-