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qu’il avait capturés. Mais le petit corps anglais, formé en carré mouvant, repoussa toute attaque, puis, faisant halte, dirigea un feu si soutenu sur les Mahrattes, qu’ils se débandèrent enfin[1]. »

Quelques jours après, Astruc partit pour Pondichéry, laissant à Brenier le commandement et le soin de réorganiser les troupes. Brenier, intimidé par la défaite, prit la résolution de ne risquer aucune action générale et de s’en tenir à un blocus étroit. C’était d’une tactique facile, avec la nombreuse cavalerie qu’il avait sous ses ordres. Il lança des partis sur toutes les routes et excita si bien l’ardeur de ses Mahrattes, qu’aucun convoi ne put entrer dans la ville, qui fut bientôt réduite à une cruelle famine.

Lawrence, qui n’avait qu’une centaine de chevaux, ne pouvait pas, avec ses fantassins, s’opposer aux courses des Mahrattes. Il résolut de recommencer l’opération dont il s’était déjà tiré deux fois avec tant de bonheur, le ravitaillement de la place. Il annonça son dessein à Dalton, qu’il laissait à la garde de Trichinapaly, lui ordonna de ne pas rendre la place, quoi qu’il advînt, lui promit de revenir promptement à son secours, et, à la tête de sa petite armée, il se dirigea sur Tanjore, passant fièrement devant Brenier, qui ne chercha point à lui disputer le passage. Le commandant français se réjouissait du départ de Lawrence ; il croyait que celui-ci abandonnait la ville, et que dans tous les cas il ne serait pas de retour assez à temps pour la sauver. Il sut bientôt à quoi s’en tenir.

  1. Malleson, les Français dans l’Inde.