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cinquante Français, de nettoyer le sud du Carnate, opération qui eut un plein succès. Il donna en même temps l’ordre à Maissin de prendre l’offensive, d’emporter coûte que coûte Tiravadi, et cela fait de se rabattre comme la foudre sur Trichinapaly.

Maissin exécuta très-bien ces instructions. Tiravadi tomba après une courte, mais vigoureuse défense. On s’empara sans peine de Chelambron et de Vedrachelum. Maissin était libre d’opérer sa jonction avec Astruc. Il prononça aussitôt son mouvement en avant. Le Carnate était donc encore une fois délivré. Méhémet-Ali, épouvanté, n’avait pas voulu attendre l’attaque dans Tiravadi. Il avait couru, sans regarder derrière lui, jusqu’à Trichinapaly, entraînant son armée dans sa fuite. Dupleix avait repris les forteresses occupées par l’ennemi. Il reportait toute son attention sur Trichinapaly. C’était le dernier et l’unique boulevard des Anglais. Une lutte suprême allait s’engager autour de ses remparts. Celui qui en resterait le maître serait le dominateur de l’Inde. Dupleix n’a plus qu’une idée, réduire la ville.

Cependant Astruc avait atteint Sheringam vingt-quatre heures avant Lawrence et avait tranquillement opéré sa jonction avec les troupes de Naud-Rajah. Se sentant numériquement trop faible pour disputer le passage aux Anglais, il n’avait rien tenté pour empêcher leur entrée dans la ville. Retranché dans l’île et dans la pagode, qu’il regardait comme le réduit de ses fortifications, il refusait le combat que lui offrait Lawrence. Celui-ci, malgré tous ses efforts, n’avait ravitaillé la ville que pour quelques jours. L’intérêt du général anglais était de jouer le tout pour le tout, et en outre il avait