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mouvement allât régulièrement en croissant toujours, et il reconnaissait que le manque de capitaux était le plus gros obstacle à la généralisation du commerce particulier.

Dupleix mit alors sa fortune au service de l’intérêt général. Il fit de sa maison un véritable établissement de crédit, et par des avances il encouragea les associations et toutes les initiatives. Sous cette main puissante, la prospérité de la colonie s’accrut rapidement. Au lieu des quatre ou cinq bateaux qui pourrissaient le long de la rive, dix ans après l’arrivée de Dupleix soixante-douze navires avaient pour port d’attache Chandernagor : ils transportaient les marchandises du Bengale à Surate, Yeddo, Moka, Bassora et jusqu’en Chine. Dupleix avait réalisé son œuvre. Notre comptoir pourvoyait aux besoins des principales villes du continent ; nos produits allaient jusqu’au Thibet. Chandernagor s’était considérablement agrandi ; on avait construit dix mille maisons. Les caisses regorgeaient d’or.

« Au mois d’avril de l’année 1741, Dupleix épousa la veuve d’un M. Vincent, l’un des conseillers de la Compagnie. Les écrivains du temps ont beaucoup parlé de cette dame, qu’ils représentent comme dévorée de la passion de l’intrigue et d’un amour désordonné pour le faste. Elle était née dans les Indes et y avait été élevée. Son père, un Français, du nom d’Albert, avait passé sa vie dans ce pays et était entré par son mariage dans la maison de Castro, famille portugaise, qui depuis plusieurs générations occupait une grande position, dans ces contrées lointaines.