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sommes allouées pour chaque homme engagé et racolait un troupeau de coquins et de bandits échappés des bagnes, qu’il faisait figurer sur les états d’effectif sous le titre pompeux de grenadiers, d’artilleurs. Les Anglais méprisaient ces troupes qui n’avaient « vu le feu que dans leur chaumière », disait Dupleix, et en faisaient des gorges chaudes. C’étaient des bandes plutôt qu’une armée. Il fallait pourtant s’en servir.

C’était là le grand souci de Dupleix, qui s’efforçait d’établir une discipline sévère parmi ces hommes, n’ayant du soldat que l’habit. Penser à affronter avec de tels éléments l’ennemi en rase campagne, lui semblait une folie. Il résolut de n’opérer que dans des lignes, à l’abri de solides retranchements. Il expliqua à Maissin, le commandant de l’armée, la tactique qu’il entendait suivre, lui indiqua la reprise de Tiravadi comme le but de ses efforts pour le moment, et lui montra sur une carte le point où l’on devait établir le camp et les travaux destinés à le protéger. La position était bien choisie. De là on pouvait commencer l’attaque contre Tiravadi, tout en interceptant les communications avec le fort Saint-David, éloigné de sept milles, et en gardant le passage du Pounar, qui baignait un des côtés du camp.

Le 14 janvier, Maissin et Morari-Rao, avec trois cent soixante grenadiers français, deux mille cipayes, quatre mille cavaliers mahrattes, quittèrent Valdaour et occupèrent le terrain désigné par Dupleix. On y éleva aussitôt une série d’épaulements et d’ouvrages qui constituaient un ensemble de fortifications assez solides, et qui furent rapidement achevés.