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remède ; qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour se procurer de l’argent ; qu’il n’en avait pas. Serrant les mains de Goupil, il ajouta que les Français eussent été dans leur droit en prenant par la force ce qu’on leur devait ; qu’il se prêterait donc à tout ce qu’on voudrait, qu’à ses yeux le problème se posait nettement et simplement : on manquait d’argent, non point parce que le pays était dépourvu de ressources, mais parce que les impôts ne rentraient pas et restaient dans les mains des tributaires ; qu’il n’y avait donc qu’une chose à faire, c’était d’envoyer des détachements français dans les provinces dont les contributions étaient en retard ; qu’à la vue des soldats vainqueurs dans tant de combats, les nababs s’empresseraient d’acquitter le tribut. Il dressa aussitôt une nomenclature des régions où les revenus restaient à percevoir, tout en s’arrangeant pour ne pas laisser voir qu’il les choisissait à dessein dans un rayon très-éloigné d’Hyderabad et à une distance très-grande les unes des autres.

Ces arguments captieux, l’air de sincérité répandu sur le discours, impressionnèrent vivement Goupil, qui ne soupçonna pas le piège caché sous cette rhétorique. Il obéit aux suggestions de Saïd-Lasker-Kan et affaiblit son armée en envoyant des détachements lever les impôts dans les provinces désignées par le ministre. Celui-ci se hâta d’écrire en secret aux nababs et aux zémidars de ces contrées. Il leur donna pour instructions de n’aider en rien les Français, de leur créer au contraire le plus d’obstacles possible, d’opposer la force d’inertie à toutes leurs demandes, de les empêcher enfin de toucher la moindre somme, tout en traitant