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pour éviter l’extrême embarras où vous jetterait encore une pareille révolution… »

À la pensée des dangers qui menaçaient notre allié, Bussy perdait quelque peu la tête. Il oubliait que la personne de Salabet-Singue comptait pour fort peu de chose dans le système de Dupleix, que c’était la possession du Dékan qui était tout, et que le gouverneur n’hésiterait pas à appuyer le prince qui renverserait Salabet-Singue, si c’était le moyen de conserver l’ascendant sur cette contrée.

Il voyait se dresser devant lui la perspective d’une lutte indéfinie contre tout un peuple ; le triomphe lui semblait impossible ; il valait mieux se retirer, alors qu’on pouvait le faire sans déshonneur. « Nous avons réussi, reprenait-il, à établir Salabet-Singue à la place qu’il occupe. Personne ne peut trouver à redire que vous songeassiez à retirer vos troupes, quelques changements qui arrivent dans la suite. Salabet-Singue même dût-il être dépossédé bientôt, tout cela n’intéresserait en rien l’honneur de la nation.

« Nous sommes à bout de ce que nous avions entrepris ; car apparemment que nous ne nous sommes pas engagés à rendre éternelle la domination de Salabet-Singue et de sa postérité. Il n’appartient pas aux hommes de rendre leurs ouvrages immuables.

« Je pense donc qu’après avoir conduit le nabab à Aurungabad ou dans quelque autre endroit qu’il veuille se retirer, il conviendrait que je prisse avec toutes nos troupes la route de Mazulipatam. Vous en laisseriez dans ce comptoir le nombre que vous en jugeriez nécessaire… Le reste se rendrait auprès de vous… Je