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ques mois, il confie à son élève le soin d’écrire les dépêches que le conseil adressait en France et aux potentats indiens. C’était une tâche délicate, mais c’était aussi l’initiation à tous les secrets diplomatiques et commerciaux de la Compagnie.

Le jeune commissaire des guerres put alors toucher du doigt le fort et le faible de nos établissements, constater le peu d’importance du trafic, et reconnaître la faiblesse du principe commercial suivi par la Compagnie. Le système de celle-ci, c’était de négliger absolument l’importation des marchandises européennes dans l’Inde et d’exporter annuellement en France quelques cargaisons, payées avec les fonds expédiés de la métropole.

Le résultat de cette erreur, c’était la pénurie du numéraire, c’étaient nos comptoirs, uniquement alimentés par des arrivages lents et incertains, aux prises avec les embarras les plus graves. Les fonctionnaires de la Compagnie, avec des appointements mesquins, la plupart sans fortune, ne pouvaient aider le trésor de leurs avances. Comment changer cela ? par une métamorphose du système ? Il fallait alors ruiner le monopole et convaincre le conseil de Paris, œuvre bien lente et si risquée ! Avec sa promptitude à tirer parti de tout, Dupleix tourna la difficulté. Les règlements ne défendaient pas aux employés de pourvoir aux besoins des marchés de l’intérieur ; on avait le droit d’y conduire les produits de l’Europe, en faisant ainsi affluer les roupies dans nos comptoirs. Pour Dupleix, cette découverte était la fortune. En homme d’action, il tenta l’entreprise, et avec tant de succès, que son père consulté,