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nation, sont les deux seuls points qu’il aura à traiter ; mais les uns et les autres sont peu connus par la plupart de ceux qui composent la direction, et je ne crois pas que ce soit là où il doit le plus frapper. Il faut que le ministère agisse, que le roi donne des ordres, et qu’en se prêtant à l’activité de la Compagnie, il ait en même temps soin de sa gloire, à quoi je ne vois pas que les directeurs se prêtent… Je ne vous dirai rien sur la lenteur que l’on affecte pour me faire obtenir le grade d’officier général. Je sais que la Compagnie a présenté un mémoire à ce sujet ; mais je sais en même temps qu’il n’a pas été appuyé comme il le devait être par ceux mêmes qui y sont obligés par devoir. »

Le même jour il écrivait à M. de Montaran : « On a affecté de n’avoir aucun égard à mes lettres. On n’ignorait pourtant pas que les Anglais faisaient passer des forces dans l’Inde. Cette connaissance seule eût suffi pour engager d’envoyer le double de ce qui m’était destiné en hommes, et en prenant le même parti que les Anglais, de faire passer ici tous vos vaisseaux de Chine, vous pourriez, sans aucun dérangement dans votre commerce, me jeter ici quinze cents hommes, qui m’eussent mis sur l’eau, moi et la Compagnie[1]… Mais l’on ne veut pas me croire, et l’on pense en savoir plus que moi. Je le veux ; mais au moins je suis en état de donner de bons conseils, et ceux que je donne n’ont point pour but un intérêt particulier. C’est de quoi je vous prie d’être persuadé ; j’ai été à même d’avoir cent

  1. Au lieu de lui envoyer des renforts, on venait de lui adresser le titre de marquis. Il l’avait fort bien payé, s’il en faut croire les bruits du temps.