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d’Arcate, se rapprochait de l’autocrate du Maïssour, dont il excitait les ambitions de conquête. Il mettait tout en œuvre pour le jeter dans les bras des Français et portait au comble la méfiance du rajah pour les Anglais et sa haine pour Méhémet-Ali-Kan. Les deux princes refusaient d’accompagner ce dernier au siège de Tiravadi. Le roi de Maïssour déclarait qu’avant de passer à de nouveaux combats, il voulait toucher le prix de ses sacrifices et être mis en possession de Trichinapaly.

Le but de madame Dupleix était atteint : la situation était retournée, et c’était au tour des Anglais de concevoir des inquiétudes et des craintes. Ils n’osaient pas quitter Trichinapaly, sentant bien qu’eux seuls la défendaient d’une attaque des Mahrattes et des Maïssouriens. Leur intérêt leur commandait, d’une part, de ne pas laisser tomber une forteresse si importante aux mains d’un prince en train de devenir leur ennemi ; de l’autre, de marcher sur Tiravadi et de réduire la place au plus vite. Ils furent dès lors contraints de diviser leurs forces pour protéger la ville menacée et d’y laisser une garnison de deux cents Européens. Celle-ci se vit soumise, lorsque l’armée de Méhémet-Ali-Kan se fut éloignée, à une sorte de blocus exercé par Morari-Rao et Naude-Rajah. Ce n’était pas encore la guerre, mais c’en était un état voisin. Les deux princes, retranchés dans l’île de Sheringam, guettaient l’occasion d’entrer dans la ville. Il était clair qu’au premier succès des Français, ils se jetteraient sur les défenseurs de la forteresse.

Dupleix le savait bien, et il eût voulu agir immédiatement. Mais comment ? Il n’avait pas un soldat à mettre