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Manokdgi, le général de l’armée de Tanjore, et contre Lawrence et les Anglais.

D’un autre côté, le rajah de Maïssour, dont les prétentions sur Trichinapaly n’étaient un secret pour personne, déclarait hautement que cette ville lui revenait de droit et qu’il en voulait la possession immédiate. Il ne cessait pas de la réclamer, et troublait régulièrement chaque conciliabule des alliés par l’âpreté de ses revendications. Il n’avait pas encore perdu pourtant toute espérance de se voir octroyer l’objet de ses convoitises ; mais la lenteur qu’on mettait à le satisfaire le froissait et l’aigrissait.

Quant au roi de Tanjore, il était las d’une guerre qui ne lui rapportait rien. Les Anglais demandaient de l’argent et encore de l’argent. Ils concevaient les craintes les plus vives sur la fidélité de leurs alliés et ne voulaient céder Trichinapaly à personne. Au milieu de tous ces mécontents, Méhémet-Ali-Kan, assiégé par tant de sollicitations opposées, sans argent, perdait la tête ; « ne sachant quel parti prendre et comment contenter tous ces gens-là », il les berçait de vagues promesses, jamais tenues, qui redoublaient l’aigreur et le malaise. Ainsi la prédiction de Dupleix s’accomplissait : la victoire avait amené la discorde dans le camp ennemi.

C’était le moment pour Dupleix de mettre en œuvre les artifices de sa diplomatie, afin de briser tout à fait le faisceau d’alliances, qui l’avait mis à deux doigts de sa perte. Il mit en campagne « une armée d’émissaires, qui soufflaient le feu tant qu’ils pouvaient ». Madame Dupleix, qui était devenue le ministre des affaires étrangères, se chargea de conduire la négociation et de